Les larmes en verre

Ralph GIBSON


On lui a demandé d’où elle venait, où était-elle née…je suis née d’un rêve orange, répondit-elle.

-               -Est-ce que c’était un rêve ?
-                    -Comment ça, un rêve ?
-                     - Un rêve, quoi… le produit de ton imagination, le reflet de ton espoir, de tes désirs plutôt…
-              - Impossible ! Nous y étions tous les deux…et c’était aussi réel que la lumière chaude qui entrait par sa fenêtre.
-                    -  Et pourquoi tu pleures, alors ? Il n’y a pas de raison pour être aussi triste.
-               -  J’arrose ses rêves de mes larmes, pourvu qu’il revienne… j’irais dans la nuit le chercher, je crierais de mes yeux en verre s’il le faut.
-                     -  Et…s’il ne revient pas ?
-              -  Alors, je m’assiérais dans le coin de la lune et je ‘attendrais en silence… je veillerais son rêve de mes yeux étoilés.


Réveille-toi –murmurait-elle-   ne me laisses pas à l’ombre, il fait froid ici… réveille-toi et ramène-moi au royaume des rêves perdus, le règne ou je suis née.

… Il se réveilla… nous nous sommes retrouvés-dit-il, en se perdant tout au fond de la profondeur de ses prunelles…

Le soleil commençait à se coucher.

La Perra
à Paris, 1924 

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