Tes yeux sont revenus d'un pays arbitraire

En pensant, Man RAY, 1935


Tes yeux sont revenus d’un pays arbitraire
Où nul n’a jamais su ce que c’est qu’un regard
Ni connu la beauté des yeux, beauté des pierres,
Celle des gouttes d’eau, des perles en placards,


Des pierres nues et sans squelette, ô ma statue.
Le soleil aveuglant te tient lieu de miroir
Et s’il semble obéir aux puissances du soir
C’est que ma tête est close, ô statue abattue


Par mon amour et par mes ruses de sauvage.
Mon désir immobile est ton dernier soutien
Et je t’emporte sans bataille, ô mon image,
Rompue à ma faiblesse et prise dans mes liens.





Tus ojos han vuelto de un país arbitrario
Donde nadie jamás supo lo que es una mirada
Ni conoció la belleza de los ojos, belleza de las piedras,
La de las gotas de agua, de perlas en alacenas,


Piedras desnudas y sin esqueleto, oh estatua mía,
El sol deslumbrador te hace de espejo
Y si finge obedecer a las potencias de la noche
Es porque está cerrada mi cabeza, oh estatua abatida


Por mi amor y por mis ardides de salvaje.
Mi deseo inmóvil es tu último apoyo
Y te llevo sin batalla, oh imagen mía,
Diestra en mi debilidad y presa en mis cadenas.







Paul ÉLUARD, L'égalité des sexes, Mourir de ne pas mourir





Comentarios

  1. Fascinante Éluard. ¿Conoces a Robert Desnos ? "...Tanto he soñado contigo que pierdes tu realidad..." etc.

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